PHASE 1 le domaine des possibles

 

Dans le travail de mise sur scène des musiques traditionnelles que ce soit pour la danse ou pour le concert, le contenu et l’esthétique ainsi qu’un travail sur la qualité du  son acoustique ne sont fort heureusement jamais oubliés. Aussi quand la musique est prête, elle est portée sur scène pour être sonorisée et c’est à ce moment là que les problèmes consécutifs à l’amplification apparaissent. En plus des phénomènes acoustiques inhérents au lieu, le sonorisateur se retrouve à gérer des impossibilités liées parfois même à la facture des instruments.  

Les membres du  groupe Chai se sont  retrouvés dans cette situation et ont dû faire des choix d’adaptation par exemple pour la gestion du  choix des micros statiques du chant très proche des violons. La proximité des sources à amplifier génère des problèmes de phases et la qualité du son se retrouve fortement dégradé. 

Un autre problème est l’amplification de l’accordéon diatonique. 

A la différence des accordéons chromatiques la taille impose une conception qui fait qu’aux basses la sortie d’air de la soupape se mélange à la sortie du son des anches basses. L’amplification de proximité devient donc impossible que ce soit avec un micro embarqué ou un micro sur pied et le son des basses amplifiées devenait moins grave que le son réel. 

Une impasse.

Phénomène connu mais mal géré quelques accordéonistes ont essayé de mettre un micro electret dans la caisse ce qui a résolu le problème du  bas du spectre dans l’amplification mais a aussi généré d’autres problèmes comme le larsen avec les retours ainsi qu’un son ‘étouffé” de qualité médiocre et des bruits parasites très importants.

Je vous parlerais ici du travail que j’ai réalisé pour amplifier mon accordéon diatonique en préservant une bonne qualité  de la matière sonore qui peut être ensuite gérée selon le souhait du sonorisateur et de l’instrumentiste. Je précise ici que ce travail concerne surtout la mise en scène de cet instrument. 

Le changement de la lutherie

 

Dans un premier temps avec l’aide d’un amis luthier et musicien, Emmanuel Pariselle, nous avons isolé la sortie d’air de la soupape pour que cet air ne se mélange plus à l’air de sortie des anches basses. Isolation réalisée en contreplaqué fin.

 

Afin de compenser la perte de surface de sortie d’air des basses,  la planche qui recouvre les mécaniques basses a été percée pour éviter un changement dans la nature du son. Ce perçage s’est d’abord fait à l’identique de la surface isolée  puis ensuite ajusté en fonction de l’essai pour enfin être colmaté d’un cache poussière. 





Ce travail a abouti à un confort de jeu, de mise en place, un changement sur la nature du son car l’oreille flattée par des basses sonorisées “propres” a aussi changé la nature du son du groupe. 

PHASE 2 la mise en octave

 

Une fois le problème de l’amplification réglé, l’envie d’adapter le son à mes envies musicales est devenu possible. Mon jeu au diatonique est souvent comparé à une section rythmique ou à une ligne de basse ou contrebasse. J’ai donc pris le parti d’insérer un octaver et de descendre le spectre sonore de mes basses de deux octaves avec un système de on/off (avec ou sans) facile à utiliser.

J’ai d’abord commencé par utiliser un séquenceur Abelton via une carte son (ufx rme) pour gérer cet effet. La qualité du son n’a pas été probante et l’utilisation d’une carte son et d’un séquenceur sur scène était lourd à gérer et source de pannes fréquentes. J’avais déjà expérimenté cet aspect dans mon solo “boucle là”. Je me suis donc orienté vers une pédale d’effet utilisée par les bassiste. Il a fallu néanmoins solutionner deux difficultés de taille : transformer le signal émis par le micro statique en signal compatible pour cette pédale d’effet (comme pour les basses électriques) et gérer le on/off sans bruits parasites en conservant le signal d’origine qui s’additionne à l’effet.

J’ai trouvé une pédale de mute pour micro statique en Angleterre réalisée par un technicien hors pair qui m’a proposé en plus du mute et d’une dérivation du signal converti, une possibilité d’alimentation phantom adaptée à mon micro. J’ai pu ensuite l’associer avec une pédale d’octave boss octamic II. Cela fonctionne parfaitement et encore une fois a changé la nature musicale de mon jeu et de celui du trio Chaï.

Je terminerais par des remerciements à Aurélien Tanghe (pour la barre de couple) et Emmanuel Pariselle (pour la fabrication des éléments) qui ont su me guider dans cette recherche. Je ne revendique pas la paternité d’une telle entreprise quoique in fine à ma connaissance je suis le premier à l’avoir réalisée en la menant à sa fin et qu’elle a fait déjà des émules sur la partie fixation des micros sur un diatonique….

Benoit Guerbigny