Francis Jauvain qualifie ce projet de « folklore inventé ». A ce titre, il revendique de « mettre en musique des lieux de la campagne du Sud champenois du plateau de Langres ». De fait, trois des quatre compositions qu’il propose sont clairement situées dans ce registre. C’est le cas de « L’Hypothétique Musique de Film » qui raconte la grange sur un mur de laquelle étaient projetés des films muets qu’accompagnaient des musiciens locaux. C’est aussi le cas de « La Chanson de Romy », évocation d’une scène cinématographique sur le plateau de Langres, et de « Choro Vaudier ». Le titre même de l’album, Par les chemins de traverse…, évoque une promenade.
Et en effet, en neuf morceaux, au sein desquels choro, jazz, tango, valse et musette se mêlent, le duo propose une musique qui parfois invite à la danse, à l’image de la reprise en fin de disque de la « Flambée Montalbanaise » de Gus Viseur. Mais surtout, cette musique, tout le temps, déambule. L’humeur est à la balade, avec une touche mélancolique et contemplative. Ce n’est pas la première fois que le folklore revisité fait l’objet d’un projet. Le collectif Polysons l’avait fait avec l’album Folklore Moderne ; l’ARFI puis Eric Séva avaient développé, chacun de leur côté, l’idée d’un « folklore imaginaire ». Presque chaque fois, il y avait la volonté d’ancrer la création dans un territoire, réel ou imaginaire. D’ailleurs, « L’Indifférence à la Flambée » rappelle les extravagances, populaires elles aussi, de Carlo Actis Dato et Enzo Rocco.
Francis Jauvain et Aurélien Mouzac ont exploré cette voie pour rendre compte d’un lieu, ses habitants, ses paysages, avec la très grande précaution qui convient à ce projet plein d’affection.
